Il y a des matins où il est difficile d’écrire… Il est mort en paix à un âge quasi inespéré vu les
souffrances que lui a infligées l’apartheid.
Son peuple et les siens, du moins les images que l’on nous renvoie, semblent plus dans la célébration sereine que dans la douleur, et pourtant cela n’empêche pas les yeux de s’embuer irrésistiblement depuis que la nouvelle est connue.
Son peuple et les siens, du moins les images que l’on nous renvoie, semblent plus dans la célébration sereine que dans la douleur, et pourtant cela n’empêche pas les yeux de s’embuer irrésistiblement depuis que la nouvelle est connue.
Inlassablement la presse et les « grands » de ce monde
parlent de « l’icône mondiale de la réconciliation et du pardon » : signe qu’ils se situent
peut-être inconsciemment dans le camp de celles et ceux qui ont des choses à se faire pardonner et
qu’ils sont reconnaissants à Madiba de l’avoir fait ?
Les mêmes qui parlent aussi de Mandela comme « apôtre de la
non-violence » alors qu’il avait déclaré « On ne peut détourner l’attaque d’une bête sauvage
les mains nues. » et fondé en 1961 la branche armée de l’ANC, suite à son constat que la
stratégie non-violente suivie jusqu’alors ne menait à aucun succès. Oubli ou peur que des
hommes et des femmes de notre temps, que le combat de Mandela inspire, ne recourent à la
violence pour combattre les injustices d’aujourd’hui ?
Les résistants, terroristes d’hier, deviennent héros quand
leur combat se fait victoire.
Celles et ceux qui, bien avant Le Pen, à qui ils font
semblant de faire la leçon, aujourd’hui, traitaient Mandela et l’ANC de terroristes, s’unissent dans
l’hommage aux combattants de tous les pays pour la justice et l’égalité. Qui se souvient ce
matin de Pierre André Albertini, ce français mis en prison pour avoir soutenu le combat de l’ANC
et pour lequel, les communistes bien seuls (à part quelques exceptions notables) menèrent
bataille pour sa libération ?
Qui se souvient que Mandela fut arrêté en 1962 grâce à des
informations fournies par la CIA au régime de Pretoria ?
Qui se souvient du refus d’accorder en 1989 le prix Nobel de
la paix à un Nelson encore en prison ce qui aurait accéléré sa libération ?
Je fais partie, et c’est une chance, de celles et ceux pour
qui Mandela évoque les années de lutte contre l’apartheid que nous menions comme nous
pouvions dans des pays aux chefs d’état hostiles à l’ANC et soutiens affirmés au régime
raciste de Pretoria, de la France aux Etats-Unis en passant par l’Angleterre et Israël. Celles et
ceux qui ont boycotté les oranges Outspan, distribué des milliers de tracts, ont fait signer
des milliers de pétitions, ont acheté le pin’s en métal doré à l’effigie du plus vieux prisonnier du
monde (avant que ce titre peu envié ne lui soit ravi par George Ibrahim Abdallah qui croupit au
mépris de toute justice dans les geôles françaises), ont participé à des meetings, à des
marches, à des rassemblements, celles et ceux qui étaient non seulement profondément émus le jour
de la libération de Madiba mais regardaient ces images inoubliables comme un moment qui leur
appartenait un tout petit peu, fourmis que nous étions dans ce combat que nous gagnions
avec les habitants de la fourmilière du monde.
C’est la force de ces souvenirs, de ces combats, de ces
émotions, de tous ces 21 mars en mémoire du massacre de Sharpeville et de ce racisme que
d’aucuns s’acharnent à vouloir sans cesse faire revivre pour perpétuer leurs intérêts de classe,
l’apartheid qui sévit à nouveau, dans un autre pays, Israël, bénéficiant des mêmes soutiens
que ceux de l’Afrique du Sud raciste, le long calvaire de George Ibrahim Abdallah que
nous arriverons bien un jour à faire cesser, c’est tout cela qui embue nos yeux ce matin.
Rouge midi n’avait pas préparé de Une spéciale comme un
vautour médiatique attend la mort de sa proie pour diffuser ses mots choisis.
C’est juste notre émotion que nous écrivons aujourd’hui en espérant que vienne ce « jour d’épaule nue où les gens s’aimeront ».
C’est juste notre émotion que nous écrivons aujourd’hui en espérant que vienne ce « jour d’épaule nue où les gens s’aimeront ».
" J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique
dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un
idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est
un idéal pour lequel je suis prêt à mourir "
MADIBA
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