Il est des artistes qui n’ont pas besoin de mourir pour être des légendes. Ils en sont de leur vivant. Tous ceux qui ont connu, croisé ou lu Franca Maï ont senti à quel point elle était unique, singulière, étrange, passionnée, incontrôlable, hypersensible, violente et incroyablement douée. La vie de Franca Maï née Françoise Baud fut un mythe moderne qui a marqué durablement les consciences et les esprits des humains -trop peu nombreux - qui se sont approchés d’elle ou de son oeuvre.
Née en Littérature avec "Momo qui kill" (Le Cherche Midi) en 2003, elle est cette autodidacte brillante qui devint ,en quelques livres courts et incisifs, un Ecrivain à part entière, un Ecrivain total faisait de sa vie une oeuvre et de son oeuvre une vie. Un écrivain qu’on ne peut ranger dans aucune famille, dans aucun genre puisqu’elle a, elle-même créé son univers référentiel fait de combats politiques d’extrême gauche, de défense de la cause des femmes, d’étude de l’homme et de ses lâchetés et aussi et surtout d’un travail autofictionnel autour du corps, de la mort, de la défiguration, des blessures de l’enfance et du sentiment d’abandon. Franca Maï c’est une Ecriture, ciselée, minimaliste, poétique, réaliste, imagée et cinglante. On reconnait ses mots, ses phrases et ses assertions entre mille autres.
Franca Maï a tout mis en scène, sa vie comme sa mort, elle a fait de son existence un théâtre cruel et beau sans concession(s). Elle n’a jamais eu le désir de plaire ou de convaincre, elle a juste témoigné sur son époque et inventé des histoires intemporelles manquantes et fortes. Elle a été heureuse, à sa façon, en dérangeant les codes, en faussant les pistes.
Franca Maï mérite qu’on la lise, relise ou découvre après sa Mort. "Je ne meurs pas je suis dans mes livres" a t’elle écrit quelques semaines avant sa disparition physique.
Que ceux qui n’ont pas eu la chance de la connaître en chair et en os, se délectent, se nourrissent de ses mots. Ils sont la vie, ils sont la mort, ils sont la Littérature.