L’entreprise SPANGHERO a été reprise en 2009 par le groupe
coopératif basque LUR BERRI. Le PDG est Aguerre BARTHELEMY qui est vice
président du groupe COOP LUR BERRI et président d’Arcadie Sud ouest.
Il est agriculteur, maïs semence, à St Palais (64). Il est
propriétaire également de deux grosses exploitations une au Maroc et une en
Argentine, qu’il a cédées à son fils.
Il est conseiller général UMP de St Palais, lors des
législatives de 2012, il était suppléant de Jean LASSALE.
L’abattoir de Castelnaudary appartient à Arcadie Sud ouest.
Arcadie appartient pour 43 % au groupe coopératif LUR BERRI. Arcadie, en 2008, a été accusée de
tromperie sur la qualité ; souvenons-nous de l’usine de Cholet où de la viande
avariée avait été découverte.
Les restructurations vont bon train, ainsi en octobre
Arcadie a fermé son abattoir de Castelnaudary avec 200 salariés sur le carreau.
Le groupe coopératif LUR BERRI annonce plus d’un milliard de
chiffre d’affaires, 650 salariés, 5000 coopérateurs adhérents. LUR BERRI c’est
des partenariats LABEYRIE, SPANGHERO, l’Union bovine Adour Garonne, MARTIKO,
PIONEER, ARCADIE, PINGUIN, AGRIDIS.
LUR BERRI et ses filiales : SAS LB, SAGA BOUET, Ets PEDEFER,
AX’EL, AGRIROBOT, LURALI, COUSTENOBLE, PALMITOU, LUR BERRI distribution, LUR
BERRI jardineries, Mr BRICO Sud Ouest, ALISO travaux agricoles.
Ce montage s’apparente totalement à un groupe privé avec ses
participations, ses filiales, sa holding, sa nébuleuse, même si ce n’est pas
une surprise, nous devons nous appuyer sur ce scandale pour faire un
électrochoc en remettant sur la table les stratégies gestion et gouvernance des
COOP.
Dans l’éditorial de la Charente Libre du
18 février, Yvan DRAPEAU titre : « La coopérative a perdu son âme », il écrit
notamment « un groupe coopératif qui triche c’est aussi grave qu’un instituteur
pédophile ou un juge corrompu, il trahit non seulement ses adhérents et les
consommateurs mais l’esprit même de l’agriculture identitaire qu’il prône.
Les problématiques posées par cette affaire :
La spéculation sur le
marché des matières premières agricoles via des traders ou directement sur les
marchés des produits dérivés devrait être interdite. Les produits agricoles et
alimentaires ne sont pas des produits comme les autres, ils répondent à un
besoin élémentaire des peuples.
Les fraudes à l’origine ou à la nature des produits
sont inhérentes à un système basé sur l’autocontrôle des entreprises et la
recherche du bénéfice et profit maximum à court terme. La
puissance publique doit reprendre la
main en se donnant les moyens humains et financiers en termes de contrôle.
Le syndicat national de
l’industrie alimentaire dont SPANGHERO a été longtemps président s’est
battu et se bat contre la mention d’origine des produits utilisés dans la
fabrication des produits alimentaires. Le gouvernement et l’Europe doivent se
mobiliser pour exiger que ces mentions d’origine deviennent obligatoires.
La rapidité avec laquelle la DGCCRF et la DGA a opéré dans l’enquête démontre
la fiabilité du système de traçabilité. Il n’y a donc pas nécessité de
renforcer la réglementation à la production.
Les sanctions en cas de fraude représenteraient 10
% de la marge bénéficiaire de la société SPANGHERO. Elles ne sont pas au
niveau, il faut se battre pour que, la réglementation prévoit que le niveau de
la sanction représente 100 % du bénéfice qui a été dégagé grâce à la fraude.
Une fraude de cette ampleur doit également sanctionner le
PDG, le Président et le Directeur de la Société et ne pas remettre en cause l’entreprise
si l’outil industriel est conforme aux normes. En effet, ce n’est pas aux
salariés de faire les frais de la magouille de la direction.
Les éleveurs dans cette affaire sont les victimes, ils
ont droit à la double peine.
Explications :
La fabrication des lasagnes nécessite deux produits
agricoles essentiels : céréales pour la fabrication des pâtes et viande.
Le prix des céréales donc de la farine donc des pâtes a
augmenté de manière importante en 2011 et 2012 entrainant une hausse des coûts
de production pour FINDUS - COMIGEL. Devant la pression de la grande
distribution, FINDUS – COMIGEL, pour conserver leurs marges tout en limitant la
hausse du prix du produit fini ont demandé aux marchés de leur fournir de la
viande bovine dit minerai par cher. SPANGHERO a répondu à cette demande via des
traders en achetant à prix cassés de la viande de cheval de Roumanie qu’il a
transformé en viande de boeuf en empochant au passage 500 000 € de marges.
Les éleveurs français sont donc doublement victimes :
Ils doivent faire face à une
hausse de 50 % du coût de l’alimentation en farine.
Cette hausse des coûts n’a pas été répercutée sur le prix
du bétail car les acteurs comme le négoce, les transformateurs privés et
coopératives ont joué sur les importations à bas prix pour empêcher toute
hausse.
Les coopératives ont constitué des monstres qui n’ont rien à
envier aux industriels privés. Ce sont les mêmes montages avec rachat
d’entreprises, fusion, restructuration. Les présidents et vice présidents
deviennent des PDG, les coopérateurs sont transformés en petits actionnaires
qui ont droit à l’assemblée générale de la coop aux mêmes discours que le PDG
prononce lors d’une assemblée d’actionnaires. Il n’est donc pas étonnant que
les groupes coopératifs soient gérés en passant par pertes et profits les
valeurs fondamentales de la coopération.
Les coopératives bénéficient d’avantages fiscaux liés à leur
statut, l’état peut donc intervenir pour qu’en contrepartie, elles soient
gérées et gouvernées autrement que les sociétés privées. Si l’état ne refixe
pas un cadre strict aux coopératives, l’Europe finira par considérer que les
avantages fiscaux des coop sont une atteinte à la libre concurrence.
Cette note a comme seul objectif d’inciter chacun à la
réflexion afin de construire des propositions.
L’affaire SPANGHERO Coop LUR BERRI est l’occasion de mettre
sur le devant de la scène la question de la coopération qui avait fait l’objet
d’une intervention à notre congrès de Tartas.
Alain GAIGNEROT
Directeur du MODEF