Cesaria Evora, la « diva aux pieds nus », nous a quittés. Vivant dans la misère pendant 50 ans, avec l’alcool et le tabac comme proches compagnons, chanteuse pendant des années dans les bars à marins de Mondelo, puis depuis 20 ans, devenue une grande figure des musiques du monde, de la morna capverdienne, cette cousine du fado portugais et du samba (le samba lent, qui devint bossa nova) du Brésil.
Cesaria n’a jamais oublié, le succès venu, d’où elle venait. Ni voitures rutilantes, ni villas tapageuses, ni palaces, ni grands couturiers. Elle chantait pieds nus. Comme sur la plage, penseraient les férus de tourisme tropical. Non, comme marchaient les noirs du temps de la colonisation portugaise, sur la rue, puisque les trottoirs, au Cap Vert étaient réservés aux personnes chaussées (les blancs). Son plus grand succès, Sodade, fait référence au travail souvent forcé qui obligeait les capverdiens à partir à Saint Thomas et Prince, autres îles possessions portugaises au large du Gabon. Qui t’a montré le chemin de São Tomé (Saint Thomas) chantait-elle à son amour exilé ? La réponse n’est pas dans les paroles de la chanson, mais chaque capverdien la connaissait : la colonisation.
A Paris, Cesaria Evora avait ses habitudes, dans un hôtel sans grâce (mais correct, hein), de la rue Cardinet, prenant beaucoup de ses repas sans chichis, loin du star system, au restaurant portugais d’à côté, le Parc, fréquenté aussi par quelques cactusiens. Cesaria est partie, mais sa voix reste. Si ce n’est déjà fait précipitez-vous sur ses albums. Préférez, même si tout est bon, Mar Azul, Miss Perfumado, Cesaria à l’Olympia, Cabo Verde, Voz d’amor. Et savourez, savourez encore
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