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mardi 19 février 2013

SPANGHERO, qui ? quoi ?



L’entreprise SPANGHERO a été reprise en 2009 par le groupe coopératif basque LUR BERRI. Le PDG est Aguerre BARTHELEMY qui est vice président du groupe COOP LUR BERRI et président d’Arcadie Sud ouest.
Il est agriculteur, maïs semence, à St Palais (64). Il est propriétaire également de deux grosses exploitations une au Maroc et une en Argentine, qu’il a cédées à son fils.
Il est conseiller général UMP de St Palais, lors des législatives de 2012, il était suppléant de Jean LASSALE.
L’abattoir de Castelnaudary appartient à Arcadie Sud ouest. Arcadie appartient pour 43 % au groupe coopératif LUR BERRI. Arcadie, en 2008, a été accusée de tromperie sur la qualité ; souvenons-nous de l’usine de Cholet où de la viande avariée avait été découverte.
Les restructurations vont bon train, ainsi en octobre Arcadie a fermé son abattoir de Castelnaudary avec 200 salariés sur le carreau.
Le groupe coopératif LUR BERRI annonce plus d’un milliard de chiffre d’affaires, 650 salariés, 5000 coopérateurs adhérents. LUR BERRI c’est des partenariats LABEYRIE, SPANGHERO, l’Union bovine Adour Garonne, MARTIKO, PIONEER, ARCADIE, PINGUIN, AGRIDIS.
LUR BERRI et ses filiales : SAS LB, SAGA BOUET, Ets PEDEFER, AX’EL, AGRIROBOT, LURALI, COUSTENOBLE, PALMITOU, LUR BERRI distribution, LUR BERRI jardineries, Mr BRICO Sud Ouest, ALISO travaux agricoles.
Ce montage s’apparente totalement à un groupe privé avec ses participations, ses filiales, sa holding, sa nébuleuse, même si ce n’est pas une surprise, nous devons nous appuyer sur ce scandale pour faire un électrochoc en remettant sur la table les stratégies gestion et gouvernance des COOP.
Dans l’éditorial de la Charente Libre du 18 février, Yvan DRAPEAU titre : « La coopérative a perdu son âme », il écrit notamment « un groupe coopératif qui triche c’est aussi grave qu’un instituteur pédophile ou un juge corrompu, il trahit non seulement ses adhérents et les consommateurs mais l’esprit même de l’agriculture identitaire qu’il prône.
Les problématiques posées par cette affaire :
La spéculation sur le marché des matières premières agricoles via des traders ou directement sur les marchés des produits dérivés devrait être interdite. Les produits agricoles et alimentaires ne sont pas des produits comme les autres, ils répondent à un besoin élémentaire des peuples.
Les fraudes à l’origine ou à la nature des produits sont inhérentes à un système basé sur l’autocontrôle des entreprises et la recherche du bénéfice et profit maximum à court terme. La
puissance publique doit reprendre la main en se donnant les moyens humains et financiers en termes de contrôle.
Le syndicat national de l’industrie alimentaire dont SPANGHERO a été longtemps président s’est battu et se bat contre la mention d’origine des produits utilisés dans la fabrication des produits alimentaires. Le gouvernement et l’Europe doivent se mobiliser pour exiger que ces mentions d’origine deviennent obligatoires.
 La rapidité avec laquelle la DGCCRF et la DGA a opéré dans l’enquête démontre la fiabilité du système de traçabilité. Il n’y a donc pas nécessité de renforcer la réglementation à la production.
Les sanctions en cas de fraude représenteraient 10 % de la marge bénéficiaire de la société SPANGHERO. Elles ne sont pas au niveau, il faut se battre pour que, la réglementation prévoit que le niveau de la sanction représente 100 % du bénéfice qui a été dégagé grâce à la fraude.

Une fraude de cette ampleur doit également sanctionner le PDG, le Président et le Directeur de la Société et ne pas remettre en cause l’entreprise si l’outil industriel est conforme aux normes. En effet, ce n’est pas aux salariés de faire les frais de la magouille de la direction.
Les éleveurs dans cette affaire sont les victimes, ils ont droit à la double peine.

Explications :
La fabrication des lasagnes nécessite deux produits agricoles essentiels : céréales pour la fabrication des pâtes et viande.
Le prix des céréales donc de la farine donc des pâtes a augmenté de manière importante en 2011 et 2012 entrainant une hausse des coûts de production pour FINDUS - COMIGEL. Devant la pression de la grande distribution, FINDUS – COMIGEL, pour conserver leurs marges tout en limitant la hausse du prix du produit fini ont demandé aux marchés de leur fournir de la viande bovine dit minerai par cher. SPANGHERO a répondu à cette demande via des traders en achetant à prix cassés de la viande de cheval de Roumanie qu’il a transformé en viande de boeuf en empochant au passage 500 000 € de marges.
Les éleveurs français sont donc doublement victimes :
 Ils doivent faire face à une hausse de 50 % du coût de l’alimentation en farine.
 Cette hausse des coûts n’a pas été répercutée sur le prix du bétail car les acteurs comme le négoce, les transformateurs privés et coopératives ont joué sur les importations à bas prix pour empêcher toute hausse.

Les coopératives ont constitué des monstres qui n’ont rien à envier aux industriels privés. Ce sont les mêmes montages avec rachat d’entreprises, fusion, restructuration. Les présidents et vice présidents deviennent des PDG, les coopérateurs sont transformés en petits actionnaires qui ont droit à l’assemblée générale de la coop aux mêmes discours que le PDG prononce lors d’une assemblée d’actionnaires. Il n’est donc pas étonnant que les groupes coopératifs soient gérés en passant par pertes et profits les valeurs fondamentales de la coopération.
Les coopératives bénéficient d’avantages fiscaux liés à leur statut, l’état peut donc intervenir pour qu’en contrepartie, elles soient gérées et gouvernées autrement que les sociétés privées. Si l’état ne refixe pas un cadre strict aux coopératives, l’Europe finira par considérer que les avantages fiscaux des coop sont une atteinte à la libre concurrence.
Cette note a comme seul objectif d’inciter chacun à la réflexion afin de construire des propositions.
L’affaire SPANGHERO Coop LUR BERRI est l’occasion de mettre sur le devant de la scène la question de la coopération qui avait fait l’objet d’une intervention à notre congrès de Tartas.

Alain GAIGNEROT
Directeur du MODEF

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien vu !!! Aujourd'hui, Les Caisses d'Epargne et le Crédit Agricole sont des "coopératives"... On voit ce que ça donne... Tu parles d'une "économie sociale" !!!

Anonyme a dit…

Après avoir tout lu et tout entendu sur cette affaire, voilà, au bout de cent infos partielles ou mal renseignées, le premier tableau et la seule analyse intelligents.
Grand merci.

C'est la lecture de la dernière chronique de Pierre Marcelle dans Libération du 22/02 qui m'y a conduite.