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dimanche 29 mai 2016

Où en est la crise politique au Brésil

Un petit point sur la situation politique au Brésil.
Donc, le vice-président fait office de président en attendant que la Sénat décide si la présidente doit être définitivement destitué.
Le fait nouveau, c’est que les preuves du coup monté pour destituer Dilma Roussef s’accumulent avec la révélation d’une écoute téléphonique montrant que les artisans du « golpe » avaient prémédité leur coup avec notamment l’objectif de se protéger de la campagne anti-corruption qui était en cours. Mouillés dans les magouilles avec l’entreprise nationale Pétrobras, certains ont organisé la campagne contre la présidente pour éviter d’être pris dans les nasses de la campagne de lutte contre la corruption (un article de Marianne explique cela : Brésil : Dilma Rousseff a-t-elle été écartée pour protéger une élite corrompue ?). Du coup, le président par intérim a déjà été obligé de limoger le ministre concerné par l’écoute téléphonique.
Il semble bien que cela ne soit que le début. Des éléments tendent à montrer que plusieurs jugent sont mêlés au « complot » et le tribunal fédéral suprême n’est pas à l’abri non plus.
Et la rue ?
De fait, il n’y a plus de manifs de droite puisque l’objectif était la chute de la présidente. Mais on ne sait pas bien ce que pensent ceux qui n’étaient pas des forcenés de la droite et qui se retrouvent avec un gouvernement très libéral, machiste, à potentiel autoritaire et répressif…
A gauche et dans les mouvements sociaux, on aurait pu s’attendre à des manifestations monstres, mais ce n’est pas le cas. Un de mes collègues me disait l’autre jour que la destitution a affaibli la mobilisation.  Pourtant, on ne peut pas dire qu’il ne se passe rien, mais c’est moins visible que les grandes manifestations d’il y a 1 mois. Outre des mouvements comme le mouvement des sans-terres qui barrent régulièrement des route, on observe des occupations de bâtiments, de grèves dans les écoles et dans la culture qui mélangent des revendications « catégorielles » et l’opposition au gouvernement Temer. Les politiciens les plus corrompus et les plus mouillés dans le « golpe » sont harcelés dès qu’ils sortent en public, notamment le député qui a fait l’apologie d’un tortionnaire… Le « Frente Brasil Popular », qui regroupe 65 organisations afin de coordonner les actions, annonce des marches, des assemblées, des débats, etc., mais cela se passe dans chaque État sans synchronisation au niveau fédéral. Je ne sais pas si tout cela est peu visible et peu diffusé par les médias (c’est très probable), ou si les mouvements contre « o golpe » sont un peu en train de se chercher… En même temps, le gouvernement Temer a déjà reculé sur un ou deux points suite aux actions diverses, par exemple en rétablissant un ministère de la culture de plein droit (enfin c’est ce qu’il a annoncé) ou en tentant d’introduire des femmes dans le gouvernement (des secrétaires d’État, faut pas non plus déconner…), mais plusieurs femmes ont refusé.
C’est donc une grande incertitude qui domine et comme l’écoute téléphonique sera versé (sur décision de justice si j’ai bien compris) au dossier des sénateurs qui devront statuer sur le sort final de la présidente, l’incertitude est encore plus grande.

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